
Lockheed Constellation : Le bel oiseau d’argent
Le Constellation de la firme Lockheed est sans conteste l’un des plus beau et des plus fins avions jamais construits. Sa ligne n’a d’ailleurs pas pris une ride et même en le comparant avec des géants du ciel comme le moderne Airbus A 380, le Constellation, né il y a plus de 65 ans, apparaît comme plus fluide, plus gracieux. Cet appareil évoque aussi la fin d’un règne, celui des avions multimoteurs à hélices, mais aussi le début des grandes lignes aériennes, les premières transatlantiques reliant les capitales européennes avec le Nouveau Monde. Ce n’est pas un hasard si les dernières variantes su Constellation terminent leur carrière alors que les premiers Boeing 707 à réaction entrent en service...

De l'Excalibur au Constellation
Lockheed a dans ses cartons le projet Excalibur, un quadrimoteur pressurisé, mais le cahier des charges des décideurs de la TWA excède les performances du projet. Les ingénieurs reprennent donc leur crayon et leur règle à calculer et assez rapidement est dévoilé le projet L-049 Constellation. Il s'agit d'un avion tout métal très soigné au niveau de l'aérodynamisme. Il est propulsé par quatre moteurs Wright R 3350 de 2200 ch et se distingue par un empennage tri-dérives (une seule mais haute dérive ne permettant en effet pas de rentrer l'avion dans les hangars des compagnies aériennes) et surtout par un train d'atterrissage tricycle, avec une roulette de nez à l'avant, chose très peu commune à l'époque. Les commandes sont asservie par un système hydraulique et le Lockheed dispose de volets hypersustentateurs Fowler, un dispositif mis au point par Harlan Davey Fowler et qui est constitué de volets se déployant au bord de fuite de l'aile (à l'arrière) afin d'augmenter la portance de l'aile au décollage ou à




Sous tous les cieux
Par certains aspects, le Constellation est très proche d'un appareil militaire en cours de développement, le Lockheed P-38 Lightning, qui a presque le même profil d'aile et un train d'atterrissage tricycle. La seconde guerre mondiale ralentit

qui doit patienter janvier 1943. Il porte à l'époque les couleurs de l'USAAF puisque, guerre oblige, il est destiné au transport de troupes ou de fret sur longues distances sous le nom de code C-69 (la terminologie "C" s'appliquant à "Carrier", avion de transport de l'armée, le fameux Douglas DC-3 étant ainsi nommé C-47 dans l'USAAF). Seuls 22 C-69 seront terminés en 1945 et la guerre se terminant, les militaires ne renouvellent pas leur commande. Mais pour l'usine Lockheed de Burbank en Californie, la véritable carrière du "Connie" (surnom donné au Constellation), ne fait que commencer ! Car l'avion semble prometteur. Il a en effet battu plusieurs records pendant le conflit. Le 17 avril 1944, Howard Hughes et Jack Frye relièrent ainsi Burbank à Washington D.C (3700 km) en 6 heures et 57 mn, à une vitesse de croisière de plus de 530 km/h. Malgré une chute spectaculaire des commandes militaires, la plupart des constructeurs qui ont déjà fabriquer des avions commerciaux savent très bien que l'avenir est à l'avion grand courrier. Lockheed envisage alors une commande d'au moins une centaine de Constellation et dès l'automne 1945, la TWA est en mesure de mettre en exploitation ses premiers "Connies". Un premier vol transatlantique est réalisé au début décembre 1945 entre Washington et Paris, mais il faut tout de


Toujours plus !
Les premiers vraies Constellation civils (les premières séries sont des C-69 déclassés par les militaires et qui reçurent la dénomination L049) sont les L649. Plus lourds, plus puissants que les L049 (les moteurs développent 2500 ch), ils sont aussi plus luxueusement traités à l'intérieur, avec une insonorisation renforcée et un équipement rendant la vie à bord plus confortable. Ces avions pouvaient être muni d'une soute à bagages amovible, le Speedpack qui se fixait sous le ventre de l'appareil et facilitait le chargement et le déchargement du fret. Ces modèles sont ensuite équipés de réservoirs supplémentaires dans les ailes pour accroître leur autonomie avant qu'une version L749 soit dévoilée. Celle-ci disposait encore de davantage de carburant lui permettant de voler sur 1550 km supplémentaires, le but étant à cahque fois de réduire le nombre d'escales. Mais plus de carburant allourdit l'avion et les moteurs atteignent désormais 2700 ch. C'est ce modèle qui équipa essentiellement Air France qui exploita au total 28 appareils. En 1950 apparaît le Super Constellation : plus long de 5,59 m, avec un fuselage de section constante muni de hublots carrés, nettement plus lourd (près de 54,4 t contre 42,6 t), ce L1049 va un peu moins vite (malgré des moteurs de 2800 ch), monte moins vite aussi mais son autonomie frise les 7700 km. L'adoption de moteurs Wright Turbocompound permet de faire ensuite passer la puissance de chacun des quatre moteurs à 3200 ch (puis 3400 ch) sur le L1049G alias "Super G", reconnaissable à ses réservoirs fuselés en bout d'ailes. Le Super Constellation fut la version la plus produite avec 578 exemplaires assemblés sur les 856 Constellation construits.


Texte : Francis Dréer, Photos et archives BigBlock